Longue distance

L’armée m’a pris pendant la guerre d’Algérie. Quand j’étais en garnison à Strasbourg, j’ai vraiment appris à courir grâce à un sergent-chef qui s’appelait Abdallah Ben Saïd. Il était de la génération d’Alain Mimoun, le champion olympique de marathon. Lui, c’était un coureur de 3000 mètres, usé par le tabagisme. Dans ses entraînements, il y avait du psychologique, il y avait de la technique. De temps en temps il disait : “quand t’as un point de côté, tu passes devant l’autre et c’est lui qui va le prendre”. Ou alors : “tu prends un caillou dans la main du côté où tu as mal, tu le sers et tu te contractes sur ce côté”. Et ce n’est pas faux. Ça ne marche pas toujours mais ça peut marcher.

Le sujet de l’âge prend un sens particulier dans le milieu sportif. L’apogée des performances arrive vite, la retraite des professionnels commence tôt, on est vétéran avant de l’avoir vu venir. Les cinq portraits présentés pourraient même définir cinq générations de vétéranes et vétérans. Ce qui les rassemble reste ce besoin, cette envie intacte de faire du sport.

Avant de partir s’entraîner, Marina, Jean, Patrick, Marie-Laure et Éric nous parlent de leur parcours, de dépassement, de lien, d’histoire, d’engagement, de ce que le sport représente dans leur vie. Ils évoquent aussi le corps, le vieillissement, la manière d’en prendre soin, de s’écouter, mais de continuer malgré tout.